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actions, et que ce qui est utile est bon, il faut donc, d’une manière générale, prendre les éléments de ce débat dans leurs rapports avec le bien et l’utile.

II. Le bien, ce sera la chose qui doit être adoptée par elle-même, et celle pour laquelle nous devons en adapter une autre. C’est encore ce à quoi tendent tous les êtres, j’entends tous les êtres doués de sentiment ou d’intelligence, ou ceux qui pourraient posséder ces facultés. Tout ce que l’intelligence pourrait suggérer à chacun, c’est aussi pour chacun un bien : comme aussi ce dont la présence procure une disposition favorable et satisfaisante. C’est ce qui réalise et ce qui conserve ces divers avantages, ce qui en est la conséquence ce qui en détourne ou détruit les contraires.

III. Or les choses s’enchaînent de deux manières, selon qu’elles vont ensemble, ou l’une après l’autre : par exemple, la science à l’étude, en lui succédant ; la vie à la santé, en l’accompagnant. Les choses se produisent de trois manières ; ainsi la santé a pour cause soit le fait d’être sain, soit la nourriture, soit les exercices gymnastiques, ce qui contribue par-dessus tout à donner la santé.

IV. Cela posé, il en résulte, nécessairement, que l’adoption des choses bonnes est bonne elle-même, ainsi que le rejet des choses mauvaises. Ce rejet a pour effet simultané de ne pas causer le mal, et l’adoption du bien pour effet ultérieur de procurer le bien.

V. Une chose bonne, c’est d’adopter un bien plus grand au lieu d’un moindre bien et, entre deux maux, de choisir le moindre ; car leur différence, en plus ou en moins, donne lieu au choix de l’un et au rejet de l’autre.