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du lutteur ; le pousser au moyen d’un coup, c’est faire du pugilat ; la pratique de ces deux exercices, c’est le pancrace, et celle qui les comprend tous, le pentathle.

XV. Une belle vieillesse, c’est celle qui vient lentement et sans souffrance. Et en effet, lorsqu’on vieillit vite, il n’y a pas vieillesse heureuse ; et pas davantage si elle se fait à peine sentir, mais qu’elle soit chagrine ; or cela dépend et des qualités inhérentes au corps, et des caprices du hasard. Celui qui n’est pas exempt de maladie et qui n’a pas de force ne sera point a l’abri des émotions et ne pourra prolonger son existence qu’à la faveur du hasard. Il existe, en dehors de la force et de la santé, une autre cause de longévité ; beaucoup de gens, dépourvus des qualités du corps, sont des exemples de vie prolongée ; mais une discussion approfondie sur cette matière ne serait pas utile pour le moment.

XVI. L’amitié d’un grand nombre d’hommes et celle des gens honnêtes sont des avantages qui n’ont rien d’obscur, si l’on définit l’ami « celui qui est capable de faire pour un tel ce qui, dans son opinion, doit lui profiter. » Celui pour qui un grand nombre d’hommes sont dans cette disposition sera donc l’ami d’un grand nombre d’hommes, et celui qui l’inspire aux hommes de bien sera l’ami des gens honnêtes.

XVII. Le bonheur consiste dans la production ou l’existence des biens qui, soit en totalité, soit pour la plupart, soit au plus haut degré, ont une cause fortuite. Or la fortune est la cause de certaines choses qui dépendent des arts, mais aussi d’un grand nombre de choses indépendantes de l’art, comme, par exemple, de celles qui dépendent de la nature. Il arrive aussi que des avantages nous viennent indépendamment de