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taxés d’heureux par personne, sous le rapport de la santé, s’abstenant de tous ou de presque tous les aliments humains.

XI. La beauté varie suivant l’âge. La beauté du jeune homme consiste à avoir un corps apte à supporter les fatigues résultant de la course ou des exercices violents, et agréable à voir en vue du plaisir. Ce qui fait que les pentathles sont les plus beaux hommes, c’est qu’ils sont heureusement doués, tout ensemble sous le double rapport de la vigueur et de l’agilité. La beauté de l’homme, dans la force de l’âge, consiste à bien supporter les fatigues de la guerre et à porter dans sa physionomie un air agréable qui, en même temps, inspire la crainte. La beauté du vieillard consiste à suffire aux travaux nécessaires sans mauvaise humeur, parce qu’on n’éprouve alors aucun des maux qui affligent la vieillesse.

XII. La force, c’est la faculté de faire déplacer un individu à volonté ; or, pour que ce déplacement se produise, il faut, nécessairement, que l’individu soit attiré, ou repoussé, ou enlevé, ou terrassé, ou enfin qu’on l’étreigne. On est fort en tous ces effets, on seulement en quelques-uns d’entre eux.

XIII. Le mérite d’une belle taille, c’est de surpasser la plupart des hommes en grandeur, en épaisseur et en largeur, dans des proportions telles que les mouvements ne se produisent pas trop lentement en raison d’un excès de ces avantages.

XIV. La valeur agonistique du corps consiste dans la réunion de la belle taille, de la force et de l’agilité ; et en effet, celui qui est agile est fort ; car peut-on lancer ses pieds en avant d’une certaine façon, les mouvoir rapidement et allonger le pas, ce sera l’affaire du coureur ; étreindre et retenir son adversaire, celle