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pourrait vivre. Il était plus beau pour lui de mourir ainsi ; mais son intérêt était de conserver la vie.

VII. Il est évident, d’après ce qui précède, que les propositions doivent porter d’abord sur ces points[1]; car, en ce qui concerne les preuves (τεκμήρια), les vraisemblables et les signes, ce sont des propositions (purement) oratoires, puisque, généralement, le syllogisme se compose de propositions et que l’enthymème est un syllogisme formé de ces sortes de propositions.

VIII. Comme il est inadmissible que des faits impossibles se soient accomplis ou doivent s’accomplir, ce qui n’a lieu que pour les faits possibles, et que l’on ne peut admettre davantage que des faits non accomplis ou ne devant pas s’accomplir se soient accomplis, ou doivent s’accomplir, il est nécessaire que, dans le genre délibératif, le judiciaire et le démonstratif, les propositions portent sur le possible et sur l’impossible, de façon à établir si tel fait a eu lieu, ou non, et s’il devra, ou non, avoir lieu.

IX. De plus, comme tous les orateurs, qu’il s’agisse de l’éloge ou du blâme, de l’exhortation ou de la dissuasion, de l’accusation ou de la défense, s’efforcent de démontrer non seulement les points dont nous venons de parler, mais encore le plus ou le moins, le caractère supérieur ou inférieur, le bon et le vilain côté des faits énoncés, considérés soit en eux-mêmes, soit dans leurs rapports entre eux, il s’ensuit, évidemment, que l’on devra produire des propositions sur la grandeur et la petitesse et sur le plus ou moins d’importance au double point de vue de l’ensemble et des détails ; par exemple, examiner quel bien est plus grand

  1. Le beau, le juste, l’utile (note de M. Barthélemy Saint-Hilaire).