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tire un syllogisme. C’est pourquoi, parmi les signes, la preuve a cette propriété. Lorsque l’on pense que l’énoncé ne peut en être réfuté, on prétend apporter une preuve en tant que démontrée et finale ; et en effet, τέκμαρ et πέρας (terme) étaient synonymes dans l’ancienne langue[1].

XVIII. De plus, parmi les signes, l’un (avons-nous dit) va du particulier au général ; voici dans quel sens : par exemple, si on disait qu’il y a un signe que les sages sont justes dans ce fait que Socrate était à la fois sage et juste. Cela est bien un signe, mais un signe réfutable, lors même que l’énoncé serait vrai, car l’on ne peut en tirer un syllogisme. Mais, si l’on disait : « Le signe qu’un tel est malade, c’est qu’il a la fièvre ; » « Le signe qu’une telle a accouché, c’est qu’elle a du lait, » il y aurait là une conséquence nécessaire, ce qui est la seule preuve des signes ; car la condition, pour qu’un signe soit irréfutable, c’est d’être vrai. Voyons, maintenant, le signe qui va du général au particulier. Si l’on disait, par exemple : « Un tel a la fièvre, car sa respiration est précipitée, » ce serait réfutable, lors même que le fait énoncé serait vrai, car il peut arriver que l’on soit oppressé sans avoir la fièvre. Ainsi donc, nous venons (le dire en quoi consistent la vraisemblance, le signe et la preuve matérielle[2], ainsi que leurs différences ; mais, dans les Analytiques, nous nous sommes expliqué en plus grands détails sur ces points et sur la raison de ce fait que telles propositions ne peuvent entrer dans un syllogisme, et que telles autres le peuvent.

  1. C’est ainsi que nous disons d’une proposition péremptoire. « c’est le dernier mot de la question. »
  2. Cp. Pr. Analyt., fin du livre II.