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decin d'étudier la santé, et de plus la bile et le flegme dans lesquels la santé consiste ; si de même l'architecte s'occupe tout ensemble de la forme de la maison et de la matière de la maison, les murailles et les bois, et ainsi de tout le reste, on en peut conclure que la physique doit étudier les deux natures à la fois. § 12.[1] Ajoutez que c'est à une seule et même science d'étudier et le pourquoi et la fin des choses, et tous les éléments qui y concourent. Or la nature est la fin et le pourquoi des choses ; car là où le mouvement étant continu, il y a une fin au mouvement, cette fin est le dernier terme et le pourquoi. Aussi l'exclamation du poète est-elle assez ridicule, quand il dit:

« C'est la fin pour laquelle il avait été fait ! »

Car, il ne suffit pas qu'un terme soit le dernier pour

  1. Le mouvement étant continu, c'est là une condition indispensable ; car si le mouvement discontinuait et était interrompu, l'être ne pourrait pas arriver à la fin qu'il poursuit ; et il y aurait alors autant de fins, que d'interruptions de mouvement. — L'exclamation du poète, Philopon croit qu'il s'agit ici d'Euripide ; mais ce n'est pas certain. Voir les Fragments d'Euripide, édit. Didot, Incertæ fabulæ, LXXXIV. — Est-elle assez ridicule, l'exclamation du poète est ridicule en ce sens qu'on ne peut pas dire que la mort soit la fin pour laquelle l'homme est fait, la fin véritable de l'homme, en tant qu'homme, c'est le bien et le devoir. — Qu'un terme soit le dernier, comme la mort, qui est bien le terme dernier de la vie, mais qui n'en est pas le but et la fin véritable. Il est vrai que le poète aurait pu répondre que le mot dont il s'est servi à précisément ce sens de terme extrême, et non pas de but.