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n'en est qu'une branche. § 3.[1] Car si c'est au physicien qu'il appartient de savoir ce que sont le soleil ou la lune dans leur essence, on pourrait trouver étrange qu'il ne lui appartint pas aussi d'étudier les phénomènes secondaires que ces corps présentent, surtout quand on voit qu'en général ceux qui s'occupent de l'étude de la nature traitent aussi de la figure du soleil et de la lune, et qu'ils recherchent, par exemple, si la terre et le monde sont sphériques ou ne le sont pas. § 4. [2] Le mathématicien, quand il étudie les surfaces, les lignes et les points, ne s'en occupe pas en tant que ce sont là les limites d'un corps naturel, et il ne regarde pas davantage aux propriétés qui peuvent accidentellement leur appartenir en tant que ces propriétés appartiennent à des êtres réels : aussi il peut abstraire ces notions, que l'entendement, en effet, sépare sans peine du mouvement; et cette abstraction, qui n'amène aucune différence, n'est pas faite pour produire d'erreur. § 5. [3] C'est ce que font précisé-

  1. Les phénomènes secondaires, par exemple, les éclipes, les levers et les couchers, les phases, etc. — Si la terre et le monde sont sphériques, études qu'avait faites surtout l'École Pythagoricienne.
  2. Du corps naturel, c'est-à-dire que les mathématiques ne s'occupent pas des réalités, et peu leur importe ce que sont les surfaces, les lignes et les points dans les corps mêmes que présente la nature; elles ne s'occupent que des formes idéales, abstraites de la réalité. — Aux propriétés qui peuvent accidentellement leur appartenir, les propriétés des diverses figures composées de surfaces et de lignes géométriques. La géométrie n'étudie ces propriétés qu'abstractivement, et elle ne s'en occupe pas dans les êtres naturels. — Qui n'amène aucune différence, dans les spéculations de la géométrie. Voir les Derniers Analytiques, Livre I, ch. 10, § 40, p. 62 de ma traduction, où Aristote défend très-bien la géométrie contre l'accusation d'admettre des hypothèses fausses.
  3. Le système des Idées, cette critique du système des Idées nous écarte encore davantage du sujet spécial de ce chapitre. — Ils abstraient les choses physiques, en séparant la forme de la matière, et en donnant à la forme une existence séparée qu'elle n'a pas. Cette objection contre la théorie des Idées peut d'ailleurs être contestée; mais ce n'est pas ici le lien.