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une autre chose un rapport tout à fait identique, par exemple, le rapport que l'airain et l'or soutiennent à l'égard de l'eau, ou bien les os et les bois à l'égard de la terre, et de même pour tout autre objet, on peut dire que c'est là la nature et la substance de ces choses. §14.[1] Voilà comment certains philosophes ont cru que la nature des choses, c'est la terre, d'autres que c'est le feu, d'autres que c'est l'air, d'autres que ce sont quelque-uns de ces éléments, et d'autres enfin que ce sont tous les éléments réunis. Car l'élément dont chacun de ces philosophes admettait la réalité, soit qu'il n'en prit qu'un seul, soit qu'il en prit plusieurs, devenait entre leurs mains, principe unique ou principes multiples, la substance tout entière des êtes ; et tout le reste alors n'était plus que les affections, les qualités et les dispositions de cette substance. §15.[2] On ajoutait que chacune de ces substances est éternelle, attendu qu'elles n'ont pas par elles-mêmes de cause spontanées de changement, tandis que tout le reste naît et périt des infinités de fois.

§16.[3] Ainsi, en un sens, on peut appeler nature cette matière première placée au fond de chacun des êtres qui ont en eux-mêmes le principe du mouvement et du chan-

  1. La nature des choses, c'est la terre, voir plus haut, Livre I, ch. 5, § 2, où quelques-unes de ces opinions sont aussi passées en revue — La substance tout entière des êtres, l'être était ainsi réduit à la matière qui le compose, sans y faire les distinctions qu'établit Aristote entre la matière, la privation et la forme.
  2. On ajoutait, c'est le sens implicite de l'expression du texte, Aristote ne désigne pas nommément ces philosophes dont il entend parler. — Tout le reste, c'est-à-dire les attributs de toute catégorie qui peuvent appartenir aux substances.
  3. La matière première, au sens particulier où Aristote l'a expliqué lui-même un peu plus haut, Livre I, ch. 10.