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ailleurs, il ne faut rien prêter à l’équivoque ni au doute ; il est plus rationnel et plus sûr, avec Platon, de poser Dieu à l’origine des choses, et d’en faire dans l’immanence de son éternité le créateur du mouvement, de l’espace et du temps. Les idées de Timée sont plus acceptables à la raison, et elles semblent mieux exprimer l’immuable vérité des choses. Aristote ne les a point directement réfutées ; mais il ne les adopte pas, sans pouvoir d’ailleurs pressentir qu’il se mettrait en un dissentiment profond avec l’orthodoxie chrétienne, aussi bien qu’il y était avec le maître dont il avait si longtemps entendu les leçons. C’est que peut-être Anaxagore ne se trompait point autant qu’il paraissait à Aristote ; et son seul tort, tout en accordant à l’Intelligence l’initiative du mouvement, c’était de la faire postérieure aux choses mêmes qu’elle devait mouvoir et ordonner.

D’ailleurs le premier moteur étant éternel, Aristote reconnaît sans peine qu’il doit être unique ; et la seule raison qu’il en donne, tout à fait péremptoire pour lui, c’est que l’unité vaut mieux que la pluralité, et que toujours dans la nature c’est le mieux qui l’emporte sur son contraire[1]. Il n’est

  1. Laplace dit quelque chose de tout à fait semblable, Exposition du Système du monde, Livre III.