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En dépit du respect que je porte au philosophe, dune paraît que c’est absolument tout l’opposé, et que c’est du moteur qu’il faut conclure le mouvement, loin de conclure de l’existence du mouvement l’existence du moteur. Mais je ne voudrais pas trop insister sur cette critique ; et il est bien possible qu’il n’y ait là qu’une différence de mots. Le moteur doit être de toute nécessité antérieur à sa propre action ; et ce n’est peut-être que par le besoin d’une déduction purement logique et en partant de l’observation sensible qu’Aristote paraît n’assigner au moteur que la seconde place. Mais en se mettant au point de vue de la seule raison, il est plus conforme à ses lois de concevoir le moteur avant le mouvement ; car à moins d’acquiescer à ces systèmes qu’Aristote a cru devoir combattre, et qui expliquent tout par les seules forces de la matière, il faut bien admettre que les choses n’ont pu être mues que par un moteur préexistant. Sans le moteur, le mouvement est logiquement incompréhensible. C’est bien, si l’on veut, le mouvement, observé par nous, qui révèle le moteur ; mais il ne le fait pas, tandis qu’au contraire c’est le moteur qui fait le mouvement, et l’on ne peut les prendre indifféremment l’un pour l’autre.

Dans ces matières délicates, moins que partout