Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/97

Cette page n’a pas encore été corrigée

parties dans lesquelles il se décompose ne le sont pas tout à fait comme lui ; l’une est absolument immobile comme il l’est lui-même ; l’autre reçoit l’impulsion, et elle peut la communiquer médiatement au reste des choses.

Il serait sans doute téméraire d’affirmer qu’Aristote a porté définitivement la lumière dans ces ténèbres ; et il n’est pas donné à des regards humains de voir ce qui se passe dans le sein même de Dieu. Mais on peut croire, à la louange d’Aristote, qu’il n’est point resté trop au-dessous de cet ineffable sujet, ni au-dessous du Timée de Platon. Il a bien vu le mystère dans toute sa grandeur, et il a eu le courage d’en chercher l’explication, si d’ailleurs il n’a pas eu plus qu’un autre le bonheur de la rencontrer. Il proclame l’existence nécessaire d’un premier moteur sans lequel le mouvement ne pourrait se produire ni durer sous aucune forme dans l’univers, et il sonde l’abîme avec une sagacité et une énergie dignes d’en découvrir le fond.

Il semble cependant qu’ici il commet une erreur assez grave ; et que c’est à tort que de l’éternité du mouvement, telle qu’il l’a établie, il conclut à l’éternité du premier moteur. Le mouvement étant éternel selon Aristote, le premier moteur doit être éternel comme le mouvement même qu’il produit éternellement.