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et intelligent, une foule d’éléments naturels qui sont toujours en mouvement, et qui déterminent à son insu le mouvement qu’il croit se donner à lui-même, et qu’il ne fait cependant que recevoir sans en avoir conscience.

Une fois ces objections écartées, Aristote revient à son sujet, et il recherche comment on peut concevoir qu’un mouvement soit éternel. Il s’appuie d’abord sur ce fait d’observation évidente à savoir qu’il y a dans le monde des choses qui se meuvent et d’autres qui ne se meuvent pas. Comment celles qui se meuvent reçoivent-elles le mouvement ? Aristote prend un exemple des plus ordinaires ; et, considérant que, quand une pierre est mue par un bâton, c’est la main qui meut le bâton et l’homme qui meut la main, il en conclut que, dans tout mouvement, il faut toujours remonter à un premier moteur, lequel est lui-même nécessairement immobile, tout en communiquant au dehors le mouvement qu’il possède et qu’il crée. À cette occasion, Aristote loue Anaxagore d’avoir considéré l’Intelligence, dont il fait le principe du mouvement, comme absolument impassible et absolument pure, à l’abri de toute affection et de tout mélange ; car c’est seulement ainsi qu’étant immobile, elle peut créer le