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du mouvement est bien plus manifeste encore, puisque ces êtres se meuvent selon leur volonté et par une cause qu’ils ont en eux-mêmes et dont ils disposent. Pourquoi le mouvement n’aurait-il pas commencé dans le monde et l’univers, comme nous le voyons commencer dans ce monde un petit qu’on appelle l’homme ?

Ces objections n’embarrassent pas Aristote, et il n’a pas de peine à les repousser. Sans doute le changement se passe souvent entre des contraires, et si le mouvement se passait également ainsi dans tous les cas, il ne serait pas éternel. Mais il y a d’autres mouvements que celui-là, et il est facile de concevoir un mouvement un, éternel et continu, où il n’y a plus de contraires. Aristote se réserve d’expliquer quel est ce mouvement, ainsi qu’on le verra tout à l’heure. Quant à la seconde objection, elle n’a rien de contradictoire à l’éternité du mouvement, et elle prouve seulement qu’il y a des choses qui tantôt sont mues et tantôt ne le sont pas. Enfin, la troisième objection, qui est plus sérieuse, n’est pas non plus décisive ; car le mouvement dans l’animal n’est pas aussi libre et aussi spontané qu’on le pense ; et Aristote, attaquant en ceci le libre arbitre, suppose qu’il peut y avoir, à l’intérieur même de l’être animé