Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/93

Cette page n’a pas encore été corrigée

paraissent si satisfaisantes à Aristote, qu’il blâme Démocrite de s’être arrêté à la surface des choses, et de s’être borné à déclarer simplement que les choses sont ce qu’elles sont, et qu’elles ont toujours été ainsi. Quant à lui, il se flatte d’avoir poussé l’analyse beaucoup plus profondément ; et en effet, on ne saurait méconnaître qu’il s’est efforcé de pénétrer plus avant, en rattachant son opinion sur l’éternité du mouvement aux définitions essentielles qu’il a données de la nature, du mouvement, et du temps.

Il ne se dissimule pas, d’ailleurs, qu’il y a des objections possibles à son système ; et ces objections plus ou moins fortes, il les énumère au nombre de trois. D’abord, on peut nier l’éternité du mouvement, en remarquant que tout changement a nécessairement des limites, qui sont les contraires entre lesquels il se passe. Donc le mouvement, qui n’est qu’un changement, ne peut pas être éternel, parce qu’il ne peut pas être infini, En second lieu, nous voyons constamment le mouvement commencer sous nos yeux ; et à tout moment des objets inanimés reçoivent le mouvement, qu’ils n’ont pas par eux-mêmes et que leur communique une cause extérieure. Enfin, dans les êtres animés, ce commencement