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mouvement a eu un commencement, il n’y a que ces deux hypothèses de possibles : ou l’on croit, avec Anaxagore, que les choses étant restées durant un temps infini dans le repos et la confusion, c’est l’Intelligence qui leur a communiqué le mouvement et les a ordonnées ; ou bien, on croit, avec Empédocle, que le monde passe par des alternatives éternelles de mouvement et de repos, le mouvement étant causé par l’Amour et la Discorde, et le repos n’étant que l’intervalle entre leur action successive.

Ces deux explications semblent également insoutenables aux yeux d’Aristote ; et, s’appuyant sur les définitions qu’il a données lui-même du mouvement et du repos, il répond à Anaxagore qu’antérieurement au repos, qu’il croit primordial, il a dû y avoir un mouvement, puisque le repos n’est que la privation passagère du mouvement naturel, et qu’on ne comprend pas pourquoi l’Intelligence, qui serait restée un temps infini sans agir, est sortie tout à coup de son inertie. Il répond à Empédocle que cette alternative de mouvement et de repos ne se comprend guère mieux, bien qu’elle soit un peu moins contraire à l’ordre qu’on doit toujours supposer dans la nature. Enfin, il reproche à tous les deux, à Anaxagore