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qu’un seul homme puisse le faire mouvoir d’un vingtième. Loin de là ; le navire reste immobile sous l’effort d’un seul homme, bien qu’il cède aux efforts réunis de vingt autres.

Cette dernière observation, qui est pleine de justesse, est employée par Aristote pour réfuter un nouveau sophisme de Zénon, ou plutôt une de ses erreurs issue comme bien d’autres de ses sophismes sur le mouvement. Soit, si l’or veut, un tas de grains, par exemple, qu’on verse sur le plancher de la grange. En tombant, il fait un certain bruit. Zénon prétendait que le bruit total était le composé des bruits partiels que font chacun des grains dont le tas est formé. Aristote répond, en arguant du phénomène du navire, qu’il n’en est rien, et que les parties qui entrent dans le tas peuvent fort bien, quand elles sont à part et isolées, ne produire aucun bruit, quoique toutes ensemble elles en fassent un assez considérable. Séparée, chaque partie ne peut pas même mettre en mouvement autant d’air qu’elle en met quand elle fait partie de tout le boisseau ; c’est qu’elle n’a d’action que quand elle est combinée avec toutes les autres, comme le matelot qui ne peut absolument rien sans ses compagnons.

J’ai cité cet exemple pour montrer que la méthode