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objet qui existe à un autre objet qui existe non moins réellement. C’est un contraire qui succède à un autre contraire, dans une substance qui demeure et dont la qualité seule est modifiée. C’est le cas de la première hypothèse ; et c’est le seul mouvement véritable.

J’ai tenu à reproduire fidèlement ces formules d’Aristote, bien qu’on puisse les trouver assez bizarres ; mais elles prouvent du moins jusqu’à quelle profondeur il a porté ses investigations sur la nature du mouvement, et comment on envisageait cette question à la fois métaphysique et naturelle trois ou quatre siècles avant notre ère.

Une distinction plus facile à saisir et très exacte, quoiqu’elle ait disparu de la science, c’est celle qu’Aristote établit entre les diverses espèces de mouvements. Aujourd’hui on n’en reconnaît guère qu’une seule, celle du mouvement dans l’espace, que constituent le déplacement du corps et le changement de lieu. Depuis Descartes, c’est l’Unique nature de mouvement que l’on considère, et je ne vois pas qu’après lui personne, parmi les mathématiciens ou les philosophes, ait essayé de revenir aux traditions de l’école ou même ait paru les connaître. Mais dans Aristote, ne faisant en cela que reproduire