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du temps, puisqu’il n’y a que ce mouvement qui soit parfaitement uniforme et régulier dans son immuable constance, étendant son action jusque sur les choses humaines, de même qu’il l’étend dans les vastes cieux[1].

Avec la théorie du temps, après celles de l’infini, de l’espace et du vide, finit la série des questions qu’Aristote a cru devoir agiter avant d’en venir à celle du mouvement ; et c’est au mouvement seul que sont consacrés les quatre derniers livres de la Physique. Mais avant de continuer cette analyse, je veux m’arrêter quelques instants pour embrasser d’un coup d’œil la carrière déjà fournie ; et je prie qu’on veuille bien y jeter un regard avec moi. L’objet spécial que doit traiter Aristote, c’est le mouvement, qui est, selon lui, le fait essentiel de la nature ; et pour l’approfondir il croit devoir remonter jusqu’aux principes mêmes de l’être, démontrant

  1. Il est une question qu’Aristote n’a fait qu’indiquer en passant (livre IV, chapitre XX, § 2), mais qu’il faut se bien garder d’omettre. C’est celle qui concerne le rapport de l’âme humaine au temps. Le temps peut-il exister indépendamment de l’intelligence, qui le compte et le mesure ? Le temps est-il sans l’âme, qui le perçoit ? C’est le doute que Kant a rencontré aussi plus tard, et qu’il a résolu en faisant du temps, ainsi que de l’espace, une ferme de notre sensibilité. Aristote me parait ici bien plus dans le vrai que le philosophe de Koenigsberg.