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le voyage a beaucoup duré, si le chemin a été long. De même, nous disons qu’il y a beaucoup de temps, s’il y a beaucoup de mouvement ; et réciproquement, qu’il y a beaucoup de mouvement, s’il y a beaucoup de temps. Le temps a ses périodes régulières, comme le mouvement a aussi les siennes ; et c’est là ce qui fait le retour toujours pareil des années, des printemps, des automnes. Cependant le temps ne mesure pas tout ; il est des choses qui sont soustraites à son action, et qu’il ne peut atteindre, comme il nous atteint nous-mêmes, quand peu à peu il nous ruine et nous détruit. Ce sont les choses éternelles, qui ne sont plus dans le temps, et dont l’être ne peut se régler sur cette étroite mesure à laquelle nous rapportons tout ce qui marque et diversifie notre durée passagère, et les événements dont nous prétendons garder la mémoire. Le temps viendra-t-il donc jamais à défaillir ? se demande Aristote ; et il se hâte de répondre que le temps est éternel comme le mouvement, et que l’un ne défaillira pas plus que l’autre. Mais ainsi que je l’ai déjà fait remarquer, c’est là confondre l’éternité et le temps ; c’est confondre le mouvement et le premier moteur ; et il vaut mieux s’en tenir sur ces points si graves à l’opinion de Platon, qui a su distinguer le temps et l’