Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/587

Cette page n’a pas encore été corrigée

que le système entier peut être mu et mouvoir successivement ; mais elle suppose aussi qu’il y a un repos pour l’ensemble. Or, dans le cas du projectile, il n’y a qu’un corps unique dont le mouvement est continu sans un seul moment d’interruption, jusqu’à ce qu’il cesse. Par qui donc ce mouvement continu est-il donné ? Ce qu’il y a de certain, c’est qu’il ne l’est pas par le même moteur ; et l’on ne peut pas dire, par conséquent, que le mouvement soit absolument continu au sens où nous l’entendons.

Au contraire il y a nécessairement dans le monde et l’ensemble des choses un mouvement continu et unique, et il faut non moins nécessairement qu’il s’applique à une grandeur une comme lui ; car, ce qui est sans dimension et n’a point de grandeur quelconque ne peut recevoir le mouvement. Il faut de plus que ce soit le mouvement d’un seul et unique mobile, de même que c’est le mouvement d’un seul et unique moteur. Ces trois conditions sont indispensables pour que le mouvement soit vraiment continu. Car, autrement, un des mouvements suivrait l’autre ; et le mouvement total, au lieu d’être continu, serait divisé en plusieurs mouvements. Quant au moteur, qui doit être unique, ou il donne le mouvement après l’avoir reçu lui-même, ou il donne le mouvement tout en étant lui-même immobile. Si on suppose qu’il est mu, il faudra remonter toute la série ; et comme il subit un changement, il est clair qu’il doit être mu par un autre moteur. Mais, dans cette recherche, il faudra finir par s’arrêter en arrivant à un mouvement qui sera produit par l’immobile. Arrivé à ce dernier terme, on verra que celui-là n’a plus besoin de changer comme changent les autres ; et il aura la puissance de produire le mouvement tout en