Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/585

Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ont point de mouvements par eux-mêmes, et qui reçoivent une impulsion du dehors, conservent un mouvement continu sans que le moteur qui les a mis en mouvement les touche encore. Comment ces corps conservent-ils l’impulsion qui leur a été communiquée ? On répond bien que ce phénomène de mouvement continué tient à ce que le moteur initial, en donnant le mouvement au corps projeté, meut aussi quelque autre chose, l’air, par exemple, et que l’air qui est mu lui-même continue à transmettre le mouvement dont il est animé.

Mais cette explication paraît peu satisfaisante, et il semble toujours impossible que le corps continue à se mouvoir, quand le premier moteur ne le meut plus. Toute la série des mouvements doit être mise à la fois en action, et elle doit aussi s’arrêter à la fois, quand le moteur originaire cesse d’agir. La difficulté n’est que reculée, et il reste toujours à savoir comment l’air, que la main ne presse plus, peut agir sur le projectile qui poursuit sa course. On n’éclaircit pas les choses, même en supposant que le moteur agit à la façon de l’aimant, et que le premier mettant le second à l’état magnétique, ce second y mette le troisième et ainsi de suite, de manière que le corps qui a reçu le mouvement puisse à son tour aussi le transmettre. Mais, dans ce cas, c’est toujours le premier aimant qui agit, et les autres n’agiraient pas sans lui. Il faut donc nécessairement admettre que non seulement le premier moteur transmet à un autre corps, l’air, l’eau ou tel autre milieu, la faculté de produire le mouvement, ce milieu pouvant tout ensemble et être mu et mouvoir.

Mais, en outre, il faut que le moteur et le mobile ne cessent pas tout ensemble et d’un seul coup, et que le