Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/580

Cette page n’a pas encore été corrigée

dont la nature est animée, est un mouvement dans l’espace, puisque le mouvement dans le vide n’est en réalité qu’une translation, et qu’il s’accomplit dans le vide absolument comme il s’accomplit dans l’espace et le lieu. Tous ces philosophes pensent que le mouvement de translation est le seul qui puisse appartenir aux éléments primitifs des choses, et les mouvements différents de la translation ne s’appliquent qu’aux composés que forment ces éléments premiers en se combinant de toutes manières. Ainsi, selon eux, l’accroissement, le dépérissement, l’altération, ne sont que des réunions ou des séparations des corps indivisibles, des atomes. Au fond, c’est bien là encore l’opinion de ceux qui expliquent la production et la destruction des choses par la condensation et la raréfaction ; car la condensation et la raréfaction ne sont en réalité que des combinaisons et des divisions d’une certaine espèce. Enfin c’est là aussi l’opinion de ces autres philosophes qui font de l’âme la cause du mouvement. Dans leur système, c’est le principe doué de la faculté de se mouvoir lui-même qui met tout le reste en mouvement ; et le mouvement que se donne l’animal, ou tout être qui a une âme, est le mouvement dans l’espace ou la locomotion.

J’ajoute une dernière considération : c’est qu’à proprement parler, on ne dit d’une chose qu’elle a du mouvement que quand elle se meut et se déplace dans l’espace. Si elle demeure en repos dans le même lieu et sans changer de place, elle a beau ou s’accroître, ou dépérir, ou s’altérer d’une façon quelconque, on dit alors qu’elle se meut d’une certaine manière, et l’on ne dit pas d’une manière absolue qu’elle se meut. Cette nuance de langage