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n’y a que le mouvement circulaire qui puisse être réellement uniforme ; car il est impossible qu’un mouvement en ligne droite soit absolument uniforme au début et à la fin, attendu que tout mobile sans exception se meut avec d’autant plus de vitesse qu’il s’éloigne davantage de son point d’inertie, quand le mouvement est naturel comme dans la chute des graves. Mais le ralentissement ou l’accélération n’a pas lieu dans le mouvement circulaire, parce que c’est le seul mouvement qui ait en dehors de lui et non en lui-même son origine et sa fin.

Aux arguments qui précèdent, on peut joindre le témoignage des philosophes qui se sont occupés de l’étude du mouvement ; car tous ils admettent que la translation dans l’espace est le premier des mouvements. Tous sans exception ils font remonter les principes du mouvement aux seuls moteurs qui produisent cette espèce particulière de mouvement. Ainsi on peut examiner les différents systèmes, et l’on verra qu’il ne s’agit dans tous que de mouvements de déplacement. Par exemple, la division et la combinaison des choses ne sont que des mouvements dans l’espace ; et c’est ainsi que l’Amour et la Discorde font tour à tour mouvoir les choses, puisque l’un les combine et les réunit, tandis que l’autre les sépare et les divise. C’est encore un déplacement qu’admet Anaxagore, quand il prétend que l’Intelligence, moteur premier de tout l’univers, a divisé et ordonné les choses qui étaient dans la confusion et le chaos. C’est bien là encore le sentiment de ces philosophes qui ne reconnaissent point dans le monde de cause intelligente comme le fait Anaxagore, et qui ne voient que le vide pour origine possible du mouvement. Eux aussi admettent par là que le mouvement