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quoique simultanés ; ainsi, le non-blanc périt, en même temps que le blanc se produit, et en même temps qu’il cesse d’être blanc. Il n’y a donc qu’un seul et même temps pour ces trois états ; or, c’est là ce qui est impossible, et par conséquent le mouvement n’est pas continu ainsi qu’on l’a cru. Il faut dire en outre que le temps peut très bien être continu pour ces trois états du mobile subissant une altération, sans que le mouvement soit pour cela continu comme le temps. Le mouvement n’est dans ce cas que successif. Enfin. ce qui prouve bien que le mouvement de A en C et celui de C en A ne sont pas continus, c’est qu’il n’y a pas de terme commun où leurs extrémités puissent se réunir : car comment se pourrait-il que des contraires eussent une extrémité commune ? Et quel est, par exemple, le terme commun entre le blanc et le noir ?

Mais si le mouvement en ligne droite ne peut être continu, parce qu’il faut qu’il revienne sur lui-même, il en est tout autrement du mouvement circulaire, et celui-là peut être absolument un et continu. Il n’y a plus là aucune des impossibilités que nous venons de signaler. Ainsi, le mobile part d’un point A, et tout ensemble il retourne vers ce point par l’impulsion même qui l’en éloigne. Il se meut vers le point d’où il part et où il devra arriver. Et cependant, il n’aura dans cette évolution, ni les mouvements contraires ni même les mouvements opposés ; car tout mouvement partant d’un point n’est pas contraire ni opposé à un mouvement revenant à ce pas. Cette opposition n’a lieu que dans le mouvement en ligne droite ; et le mouvement sur cette ligne peut avoir des