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Donc nécessairement le corps qui revient en ligne droite sur ses pas doit s’arrêter ; donc aussi il est impossible que, sur une ligne droite, qui est toujours finie, il y ait un mouvement continu et éternel.

Les arguments qu’on vient de rappeler peuvent être employés utilement contre la théorie de Zénon, qui niait l’existence du mouvement, sous prétexte que comme le mouvement doit parcourir tous les milieux, et que les milieux sont en nombre infini, le mouvement est impossible parce que l’infini ne peut jamais être parcouru. Ou bien, selon une autre expression de la même théorie et sous une forme un peu différente, on prétend que si le mouvement était possible, il faudrait qu’on pût compter le nombre infini des milieux que le corps parcourt successivement, à partir du premier milieu que l’on considérerait, jusqu’à la fin de la ligne entière. Or, comme il est impossible de compter un nombre infini, on en conclut que le mouvement est impossible également.

Dans nos recherches précédentes (Livre VI, ch. 1) sur le mouvement, nous avons réfuté le système de Zénon, en disant que le temps a des parties infinies et qu’il renferme des infinis en lui. Il n’est donc pas absurde de soutenir que dans un temps infini on peut parcourir l’infini, et que l’infini se retrouve alors dans la grandeur aussi bien que dans le temps. Cette réponse est très complète contre l’argumentation même de Zénon ; car la question était seulement de savoir si, dans un temps fini, on peut parcourir ou nombrer l’infini. Mais au point de vue de la question même et de la pure vérité, cette réponse n’est peut-être pas tout à fait satisfaisante. En effet, on peut laisser de côté la longueur à. parcourir, et cette question de