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sont les affections contraires dont les choses peuvent être douées tour à tour. Enfin pour l’accroissement et la décroissance, les limites sont la grandeur et la petitesse, ou encore l’achèvement de l’être arrivé à toutes ses dimensions, et son inachèvement, qui sont l’un et l’autre d’une certaine grandeur déterminée. Les mouvements contraires sont ceux qui aboutissent à des contraires ; or, quand une chose n’est pas animée d’un mouvement éternel, elle a dû nécessairement être en repos, si elle existait antérieurement au mouvement qu’elle reçoit. Donc tout ce qui change aura évidemment un instant de repos dans le contraire, avant de changer.

Le même raisonnement doit s’appliquer à toutes les autres espèces de changements et de mouvements. Ainsi, la génération est d’une manière générale opposée à la destruction ; et si l’on descend aux cas particuliers de génération et de destruction, l’opposition n’est pas moins complète. Par conséquent, s’il est impossible qu’un même objet subisse à la fois des mouvements contraires, il n’y aura pas dans ce cas de mouvement continu ; car il y aura toujours un instant de repos, quelque court qu’il soit, dans l’intervalle de ces mouvements divers. On pourrait nous objecter que les changements qui sont compris sous la contradiction de l’être et du non-être, ne sont pas réellement des changements contraires. Mais peu importe pour notre démonstration ; car il suffit que la génération et la destruction soient contraires en ce sens qu’elles ne puissent pas appartenir toutes les deux à la fois à un seul et même objet. Peu importe même qu’il n’y ait pas nécessairement de repos entre les cieux termes de la contradiction, l’être et le non-être, et qu’il n’y ait pas non