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est clair qu’aucun des mouvements postérieurs à la génération ne peut être antérieur à la translation. Quand je dis mouvements postérieurs, j’entends l’accroissement, l’altération, la décroissance, la destruction, tous mouvements qui ne peuvent venir qu’après la naissance et la génération, parce qu’ils la supposent nécessairement. Si donc la génération n’est pas antérieure à la translation, aucun autre mouvement ne pourra l’être davantage. En général, ce qui se produit et devient est par celai même, on peut dire, incomplet ; et il tend à un principe où il sera définitivement tout ce qu’il doit être. Par conséquent, ce qui est postérieur en génération semble être antérieur par nature ; et la translation étant la dernière pour toutes les choses soumises à la génération, il parait qu’elle doit être la première en essence. Aussi parmi les êtres vivants, en voit-on qui sont absolument immobiles par défaut d’organes, les plantes, par exemple, et bon nombre d’animaux qui ne marchent pas. D’autres au contraire qui sont plus parfaits sont doués du mouvement de translation, et c’est à cause de leur perfection même. Si donc la translation appartient plus particulièrement aux êtres qui ont une nature plus complète, on doit penser que cette espèce de mouvement doit être aussi en essence le premier de tous les mouvements.

Voilà bien des raisons qui font que la translation est le premier des mouvements et qu’elle est supérieure à tous les autres. Mais une autre raison non moins forte, c’est que dans le mouvement de translation l’être sort moins de sa substance et de ses conditions naturelles que dans toute autre espèce de mouvement. Il n’y a que la translation où il ne change rien de son être, tandis que dans l’