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de suite à l’infini. Tout cela ne laisse pas que d’être assez embarrassant, et l’espace n’est pas aussi aisé à comprendre qu’on se l’imagine communément.

Ici Aristote fait une distinction importante, mais qu’il a le tort de ne pas pousser assez loin. Il veut qu’on distingue entre l’espace infini, où sont tous les corps que nous voyons, et entre l’espace particulier où chacun d’eux est primitivement, pour emprunter la formule péripatéticienne. Ainsi vous êtes dans le ciel, puisque vous êtes dans l’air, qui est dans le ciel ; vous êtes dans l’air, puisque vous êtes sur la terre et que la terre elle-même est placée dans l’atmosphère, où elle se soutient par son propre équilibre. Mais en même temps que vous êtes dans le ciel, dans l’air et sur la terre, vous occupez en outre un certain lieu où il n’y a plus que vous et vous seul. Ce raisonnement d’Aristote est irréprochable ; mais tout en distinguant si bien l’espace et le lieu proprement dit, il les confond l’un et l’autre sous un seul et même nom, comme il a confondu plus haut l’éternité et le temps ; et cette équivoque jette parfois une obscurité fâcheuse sur ses théories. En prenant le lieu pour l’espace et l’espace pour le lieu, il est conduit à démontrer que le lieu, bien qu’il limite les corps, ne peut être ni leur forme ni leur