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soit continu ; car ce qui est éternel est nécessairement continu, et ce qui est successif au lieu d’être éternel n’a plus de continuité. D’une autre part, si le mouvement est continu, il s’ensuit qu’il est un ; et quand je dis qu’il est un, j’entends qu’il est produit par un seul moteur agissant sur un seul mobile ; car si le moteur meut d’abord une chose, puis ensuite une autre, dès lors le mouvement entier, séparé par des intervalles de repos, n’est plus continu ; et il devient réellement successif.

VIII.

Nous venons de prouver qu’il existe un moteur primitif immobile, un et éternel ; mais on peut se convaincre que le mouvement de ce moteur doit être essentiel et non accidentel, en regardant aux divers principes suivant lesquels agissent les moteurs.

L’observation la plus superficielle suffit à nous convaincre que, parmi les choses, les unes sont tantôt en mouvement et tantôt en repos. Elle démontre également que toutes les choses sans exception ne sont pas toutes en mouvement ni toutes en repos, pas plus qu’elles ne sont ou toujours en mouvement ou toujours en repos ; car on peut voir qu’il y a une foule de choses qui participent du repos et du mouvement, et qui ont la propriété de tantôt se mouvoir et tantôt de rester immobiles. Bien que ce soit là des faits incontestables pour tout le monde, nous voulons cependant approfondir la nature de ces deux ordres de phénomènes, et prouver que parmi les choses il y en a qui sont éternellement immobiles, et d’autres qui sont mues éternellement. En procédant tout à l’heure à cette