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mu lui-même par quelque autre cause, ou par un moteur immobile, et que le mouvement peut être reçu, soit par un mobile qui meut lui-même quelque chose à son tour, soit par un mobile qui ne meut plus rien, il s’ensuit que le moteur qui se meut lui-même doit être composé de deux parties, dont l’une qui meut est immobile, et dont l’autre qui est mobile ne meut pas nécessairement, puis qu’elle peut indifféremment mouvoir et ne mouvoir pas.

Pour préciser davantage ceci, je prends une formule littérale. A est le moteur immobile ; B qui est mu par A meut à son tour C ; et ce dernier qui est mu par B ne meut plus rien. Il pourrait y avoir plusieurs intermédiaires entre A qui donne le mouvement initial, et C qui le reçoit en dernier lieu ; mais nous avons préféré ne supposer qu’un seul intermédiaire, pour que les choses se comprissent mieux. Le tout ABC a la puissance de se mouvoir lui-même ; mais de ces trois termes, je puis retrancher C ; et AB pourra toujours se mouvoir lui-même, puisque c’est A qui donne le mouvement, et B qui le reçoit. Mais C ne peut se mouvoir lui-même ; et abandonné à lui seul, il ne pourra être mu en aucune façon. D’autre part, BC, s’il était séparé, ne pourrait davantage se mouvoir sans A ; car B ne peut communiquer le mouvement que parce qu’il le reçoit lui-même d’un autre, et non d’une de ses parties. Ainsi donc, AB peut seul se mouvoir lui-même ; et, par conséquent, le corps qui peut se mouvoir lui-même doit nécessairement avoir deux parties, l’une qui meut et reste immobile, l’autre qui est mue et ne meut plus rien nécessairement à son tour.

Maintenant, ou ces deux éléments se touchent réciproquement, ou bien il n’y en a qu’un qui touche l’autre,