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parties du corps mu primitivement par lui-même, qui chacune se meuvent spontanément ; car il n’y a pas d’alternative, et si le moteur entier se meut lui-même, il faut qu’il soit mu par une quelconque de ses parties, ou que le tout soit mu par le tout. Si le corps entier est mu parce qu’une de ses parties se meut spontanément, alors c’est cette partie spéciale qui est le premier moteur, le moteur qui se meut primitivement lui-même ; car, séparée de tout le reste, cette partie pourra se mouvoir encore elle-même ; tandis que sans elle le tout ne peut plus avoir aucun mouvement. Le corps entier ne sera donc plus le premier moteur, comme on le disait. Mais si l’on suppose que c’est le corps entier qui se meut lui-même tout entier, alors les parties n’ont plus le mouvement que d’une manière indirecte et accidentelle. Par conséquent, si le mouvement ne leur est pas nécessaire, elles peuvent ne pas l’avoir, et le mouvement peut ne pas exister. Il faut donc supposer que, dans la masse entière du corps, il y a une partie qui donne le mouvement tout en restant elle-même immobile, et qu’il y a une autre partie qui, sans avoir de mouvement propre, reçoit celui qui lui est communiqué ; et c’est seulement ainsi qu’on peut se rendre compte du mouvement spontané.

Autre argument : Supposons que ce soit une ligne qui se meuve ainsi elle-même tout entière ; une partie de cette ligne donne le mouvement, et une autre partie le reçoit. Il s’ensuit cette contradiction que la ligne AB pourra tout à la fois se mouvoir elle-même tout entière, et qu’elle sera mue seulement par A. Ainsi, elle sera mue à la fois par AB et par A ; ce qui est impossible. Mais, puisque le mouvement peut être donné, ou par un moteur qui est