Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée

toujours en bas. Voilà déjà deux directions dans l’espace ; mais de plus, les corps se dirigent aussi à droite et à gauche, devant et derrière. C’est en tout six directions, qu’on peut distinguer dans l’espace ou le lieu. Rien n’existe donc et ne se meut que dans l’espace. Or c’est là une merveilleuse supériorité de l’espace sur le reste des choses ; elles ne peuvent pas être sans lui, et il peut être sans elles ; car elles peuvent être détruites sans qu’il le soit ; elles périssent dans son sein, tandis qu’il est impérissable et éternel. L’espace a comme le corps les trois dimensions, longueur, largeur et profondeur ; mais il n’est pas un corps lui-même ; car les corps étant en lui, il faudrait, chose impossible, qu’il y eût deux corps dans un seul et même lieu. L’espace n’est pas davantage un élément, ni un composé d’éléments corporels. Ce qu’il faut dire, c’est qu’il a de la grandeur sans être un corps. Il n’est pas non plus à considérer comme une cause ; car il n’est ni la matière, ni la forme des êtres ; il n’est ni leur moteur ni leur fin. Ainsi l’espace, qui n’est ni un corps ni une cause, est à peine un être ; car s’il est un être, on pourra demander avec Zénon : Où est le lieu de l’espace ? puisque tout être est nécessairement dans un lieu. Il y aurait donc espace de l’espace, et ainsi