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l’être qui se meut lui-même ou de celui qui est mu par un autre, c’est là ce qu’il est très facile de décider, et tout le monde voit la solution : ce qui est cause en soi est toujours antérieur et supérieur à ce qui n’est cause que par un autre.

VI.

Comme suite à ce qui précède, il faut voir, en supposant qu’il y ait quelque chose qui se meuve soi-même spontanément, à quelles conditions ce mouvement spontané est possible. Ce sera là en quelque sorte un nouveau principe pour nos études. Rappelons-nous d’abord que tout mobile est nécessairement divisible en parties, qui sont elles-mêmes divisibles à l’infini ; car c’est un principe démontré plus haut, dans nos considérations générales sur la nature (Livre VI, ch. I), que tout mobile doit être continu en tant qu’il est mobile. Mais comment peut-on comprendre qu’une chose se meuve elle-même ? D’abord il est impossible que ce qui se meut soi-même se meuve tout entier absolument ; car on tomberait alors dans une foule de contradictions toutes plus insoutenables les unes que les autres. Ainsi, un corps serait transporté tout entier en même temps qu’il transporterait, par le même et unique mouvement ; et tout en restant un et spécifiquement indivisible, il serait altéré en même temps qu’il altérerait ; il instruirait en même temps qu’il serait instruit ; il guérirait et serait guéri pour un seul et même cas de guérison, toutes suppositions plus impossibles les unes que les autres.

De plus il a été établi (Livre III, ch. 1) que tout mobile,