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c’est dire que le médecin qui guérit le malade doit être lui-même guéri et non pas seulement guérir son client ; c’est dire que l’architecte qui est capable de construire une maison est construit comme elle, soit directement, soit grâce à plusieurs intermédiaires. D’une manière générale, cela revient à soutenir que tout moteur qui a la faculté de mouvoir, doit être mis lui-même en mouvement par un autre moteur, sans que le mouvement reçu par lui soit le même que le mouvement qu’il transmet à son tour à un mobile voisin, et au contraire, en supposant que cc mouvement est différent, comme si, par exemple, le médecin qui a la faculté de guérir était instruit. Mais même en variant les mouvements de cette façon, on arriverait bientôt de proche en proche à un mouvement qui serait de la même espèce, ainsi que nous venons de le dire, parce que les diverses espèces de mouvement sont limitées, et qu’on aurait bientôt épuisé la série. Donc l’une de ces conséquences, à savoir que tout moteur est animé du même mouvement que celui qu’il transmet, est absurde ; et l’autre, à savoir que tout moteur est toujours mu lui-même, est erronée ; car il est absurde de croire qu’un être qui a la faculté de produire une altération, doit par cela seul subir un mouvement d’accroissement. Donc en résumé, il n’est pas nécessaire que tout mobile sans exception soit mis en mouvement par un moteur qui serait mu lui-même. Donc il y aura un temps d’arrêt ; et alors de deux choses l’une : on le mobile sera mu primitivement par un moteur qui est lui-même en repos et immobile ; ou bien le mobile se donnera à lui-même le mouvement qui le pousse. Quant à la question de savoir quel est le principe et la vraie cause du mouvement, ou de