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par un moteur qui se meut lui-même, ou du moins qu’il faut toujours remonter jusqu’a un moteur de ce genre.

On peut arriver à la même démonstration en se plaçant à un point de vue un peu différent de ceux qui viennent d’être indiqués. Si tout ce qui reçoit le mouvement le tient d’un moteur qui est mu lui-même, il n’y a qu’une alternative Ou bien c’est un simple accident que le mobile transmette le mouvement qu’il a reçu lui-même, sans l’avoir de son propre fonds ; ou bien ce n’est pas un accident, et c’est quelque chose d’essentiel et en soi, J’examine tour à tour ces deux hypothèses ; et je commence par la première.

D’abord, si l’on conçoit que le mouvement soit un simple accident, il n’y a plus aucune nécessité que le mobile soit mu ; et, ceci admis, il est clair qu’il est possible qu’aucun être au monde n’ait de mouvement ; car l’accident n’est jamais nécessaire, et il peut tout aussi bien ne pas être. Si donc on suppose que le mouvement est simplement possible, il n’y a rien là qui soit absurde, bien que d’ailleurs ce puisse être une erreur ; mais il est de toute impossibilité qu’il n’y ait pas de mouvement au monde ; et dès lors le mouvement n’est pas simplement possible ; il est absolument nécessaire ; car il a été démontré plus haut (dans ce même Livre, ch. 1), que le mouvement doit être éternel de toute nécessité. Tout ceci, d’ailleurs, paraît tout à l’ait conforme à la raison ; car il y a ici trois termes indispensables, le mobile qui est mu, le moteur qui meut, et ce par quoi il meut. Le mobile doit nécessairement être mu, puisqu’il est mobile ; mais il n’y a pas nécessité qu’il meuve à son tour, et qu’il transmette