Page:Aristote - Physique (Saint-Hilaire), 1862, Tome 1.djvu/531

Cette page n’a pas encore été corrigée

mouvement par la main que l’homme fait mouvoir ; et, dans cet exemple, c’est l’homme qui d’abord produit le mouvement, sans être lui-même mu par autre chose. On dit indifféremment de ces deux moteurs, soit le premier soit le dernier, qu’ils donnent le mouvement ; mais cependant cela doit surtout s’entendre du premier moteur qui peut donner le mouvement au dernier, sans que ce dernier puisse le lui rendre. Sans le premier, le dernier reste hors d’état de mouvoir ; et celui-ci ne peut agir sans celui-là, puisque évidemment le bâton ne transmettra pas le mouvement si d’abord la main de l’homme ne le lui imprime.

Si donc c’est une nécessité que tout ce qui est mu soit mu par quelque chose, et que cette autre chose soit elle-même mue â son tour ou qu’elle ne soit pas mue, il n’est pas moins nécessaire, en supposant encore que le mobile soit mu lui-même par un autre, qu’il y ait enfin un premier moteur, lequel ne soit pas mu lui-même par une autre cause. Que si ce moteur premier est bien en effet le premier, comme on le pense, alors il n’est pas besoin d’en rechercher un autre ; car il est impossible que la série aille à l’infini, du moteur au mobile mu lui-même par un autre, et toujours ainsi de suite, puisque dans l’infini il n’y a pas de premier ; ce qui est contre l’hypothèse. Une autre conséquence, c’est que, si tout mobile est mu par quelque chose, et si le moteur premier est celui qui n’est pas mu lui-même par un autre, il faut nécessairement que ce moteur premier se meuve lui-même, puisque c’est lui qui donne le mouvement, et qu’il ne serait pas premier s’il le recevait.

A cette première démonstration, on peut en joindre