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mouvements, le plus commun c’est celui qu’on appelle la translation, et il suppose de toute nécessité un espace où les corps puissent se mouvoir en changeant de lieu. L’idée d’espace semble donc une des plus simples que la science ait à considérer ; et c’est peut-être là ce qui fait, selon Aristote, que les philosophes, ses prédécesseurs, s’en sont en général très peu occupés. Cependant elle n’est pas sans présenter quelques difficultés, et il essaie de les résoudre.

Une preuve manifeste de l’existence de l’espace, c’est la succession des corps dans un seul et même lieu. Observons en effet un vase qui est rempli d’un liquide que nous y avons versé. Nous en ôtons le liquide, et l’air vient à la place qu’il occupait.

Réciproquement, nous chassons l’air du vase en y versant une seconde fois de l’eau, et le phénomène se répète aussi souvent que nous le voulons. Ceci prouve qu’indépendamment de ces deux corps qui se succèdent dans le vase, il y a un espace qui demeure quand ils changent, et qui les reçoit l’un et l’autre tour à tour. On peut ajouter que le mouvement naturel des corps élémentaires démontre bien qu’il existe un espace doué de certaines propriétés. Le feu se dirige toujours en haut ; la terre se dirige