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c’est-à-dire dans l’ignorance. Cette distinction des deux espèces de puissance doit s’appliquer aux éléments et aux choses de la nature. Le chaud, par exemple, est froid en puissance ; mais quand il cesse d’être froid en puissance, il devient chaud ; et alors en tant que feu il brûle, si rien ne l’empêche d’agir selon sa nature, et ne fait obstacle à son action.

Ces distinctions qui sont très réelles peuvent s’appliquer aux corps graves et aux corps légers, et nous faire mieux comprendre la cause qui les met en mouvement. Le léger vient du pesant ; et, par exemple, l’air vient de l’eau qui se vaporise. Le pesant est d’abord léger en puissance, et il devient réellement et effectivement léger, si rien ne l’en empêche et ne lui fait obstacle. L’acte réel du léger ; c’est d’être en un certain lieu, c’est-à-dire en haut ; et quand il est dans un lieu contraire, c’est qu’il y a quelque cause qui s’oppose à son acte propre. Je ne parle ici que du mouvement dans l’espace, de la translation ; mais ceci s’appliquerait également, soit au mouvement de quantité, soit au mouvement de qualité, comme je le dirai tout à l’heure. Que si l’on veut aller plus loin que ces explications, et si l’on demande encore pourquoi les corps graves ou légers se dirigent ainsi vers les lieux qui leur appartiennent, il n’y a plus rien à répondre, si ce n’est que c’est là une loi de la nature, et que ce qui constitue essentiellement le léger et le pesant, c’est que l’un se dirige exclusivement en haut, tandis que l’autre se dirige, au contraire, exclusivement en bas. Mais, ainsi qu’on vient de le voir, il y a deux manières de comprendre que le grave et le léger sont en puissance. Ainsi, à un certain point de vue, l’eau est légère en puissance,