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à l’autre, et elle n’y est pas essentiellement.

Le feu et la terre, c’est-à-dire les éléments, ont un mouvement forcé qui leur vient de quelque cause étrangère, quand ils n’ont pas le mouvement qui leur est propre. Ils ont leur mouvement naturel et non un mouvement forcé, quand ils tendent à leurs actes spéciaux, bien qu’ils ne les accomplissent pas réellement, s’ils ne sont encore qu’en puissance. Mais comme cette dernière expression peut avoir plusieurs sens, cette équivoque empêche qu’on ne voie clairement la cause qui meut ces corps, et qui fait que le feu va en haut et la terre en bas.

Des exemples éclairciront ceci. Évidemment, quand on dit de quelqu’un qu’il est savant en puissance, cette expression a une signification fort différente, selon qu’on est ignorant et qu’on peut apprendre, ou selon qu’ayant la science on la possède sans en faire usage. Mais, toutes les fois que ce qui peut agir, et ce qui peut souffrir se rencontrent et sont simultanés, le possible arrive à l’acte et se réalise. Ainsi, par exemple, quand on sort de l’ignorance pour apprendre quelque chose, on passe de la simple possibilité d’apprendre à un état où l’on est encore en puissance, mais où la puissance est tout autre que dans le premier état. En effet, celui qui possède la science et ne l’applique pas, est encore savant en puissance ; mais la puissance qu’il a dans ce cas ne doit pas se confondre avec celle qu’il avait avant de rien apprendre, et quand il était en pleine ignorance. Quand il a la puissance d’appliquer la science, il l’applique, et il agit si nul obstacle ne s’y oppose ; car, s’il n’agit point alors, c’est que de fait il est dans le contraire de la science,