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vient à leur communiquer un mouvement qu’elles n’ont pas par elles-mêmes.

Il reste donc certain que les éléments naturels, ne se donnant pas à eux-mêmes le mouvement, doivent être mus aussi par une force étrangère, et c’est ce qu’on peut vérifier aisément en recourant aux divisions que nous avons établies plus haut entre les causes du mouvement, pour ce qui concerne les mobiles. Ces divisions ne sont pas moins applicables aux moteurs, et l’on peut les distinguer également en ce que les uns sont contre nature, et en ce que les autres sont naturels. Ainsi, ce n’est pas par sa seule nature que le levier meut les corps pesants ; il faut de plus, pour qu’il agisse, une cause qui le fasse agir. D’autres moteurs, au contraire, agissent par leur propre nature ; et, par exemple, ce qui est actuellement chaud échauffe par sa seule action les corps qui sont susceptibles d’être échauffés, et qui, cependant, ne sont pas chauds en acte, et ne le sont qu’en puissance. A ces deux exemples, nous pourrions en joindre autant d’autres que nous voudrions, pour prouver qu’il y a des moteurs selon la nature, et des moteurs contre nature. On pourrait appliquer aux mobiles des distinctions analogues ; et le mobile, selon la nature, sera celui qui en puissance a une certaine qualité, une certaine quantité, et une certaine position, qui lui permettent d’avoir une des trois espèces du mouvement, l’altération, l’accroissement ou la locomotion. J’entends d’ailleurs parler de ces mobiles qui ont en eux le principe de leur mouvement propre, et qui ne l’ont pas seulement d’une façon accidentelle ; car la quantité et la qualité peuvent être affectées de mouvement dans un seul et même être ; mais alors l’une n’est qu’accidentellement