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du mouvement spontané est essentiellement vitale, et elle ne peut appartenir qu’aux êtres animés. Si ces corps se donnaient à eux-mêmes le mouvement qu’ils ont, une conséquence nécessaire, c’est qu’ils pourraient également s’arrêter ; et nous voyons, en effet, que quand un être est cause à lui-même de la marche qu’il a, il peut aussi suspendre cette marche quand il lui plaît. Par conséquent, s’il ne dépendait que du feu de se porter en haut, il pourrait tout aussi bien se porter en bas. Il faut ajouter que, dans ce cas, il ne serait pas plus concevable que les éléments ne se donnassent qu’un seul et unique mouvement, sans jamais se donner des mouvements contraires, s’ils avaient cette prétendue faculté de se mouvoir eux-mêmes.

Il y a de plus, pour les éléments naturels, cette autre difficulté qu’ils sont homogènes et continus ; or, comment l’homogène et le continu pourrait-il se mouvoir lui-même ? Il y faudrait au moins la distinction du moteur et du mobile, qui ne se trouve point ici. En tant que l’élément est un et continu, ce ne peut pas être par le contact qu’il se meuve ; car, dans ce qui est absolument homogène, il n’y a pas de contact possible ; et il faut nécessairement qu’il y ait séparation et non continuité entre deux choses, pour que l’une des deux puisse agir, et l’autre supporter l’action de la première. Ainsi, les éléments naturels ne peuvent se mouvoir eux-mêmes par cela seul qu’ils sont homogènes ; et il n’y a pas de continu qui puisse avoir non plus un mouvement spontané. Il faut toujours, pour qu’il y ait mouvement dans un cas quelconque, que le moteur soit distinct et séparé du mobile, comme nous l’observons pour les choses inanimées, lorsqu’un être animé