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mêmes ; et qui ont en eux le principe du mouvement, comme les animaux, dont il vient d’être question. En effet, il n’y a pas le moindre doute, sauf les réserves que nous avons faites, que ce sont eux-mêmes qui se déterminent au mouvement et qu’il n’y a point de cause extérieure. Mais on peut avoir encore des doutes sur le point de savoir au juste ce qui meut ou ce qui est mu en eux ; car ce qui se passe dans un bateau, par exemple, où c’est le pilote qui meut le bâtiment et est mu avec lui, se passe également dans les animaux, où l’on peut très bien distinguer ce qui fait mouvoir et ce qui est mu ; et cette distinction peut servir à expliquer le mouvement dans tout être qui se meut lui-même.

Mais les choses ne sont pas aussi simples dans les êtres qui ne se meuvent pas eux-mêmes, seconde division que nous avons établie plus haut. Parmi les êtres qui, ne tirant pas d’eux-mêmes le mouvement, sont mus par une force étrangère, les uns le sont naturellement, les autres le sont contre leur nature ; et c’est pour ces derniers qu’il est difficile de se bien rendre compte de la force qui les meut. Ainsi, quelle est la cause qui meut les corps légers et les corps graves ? Ce n’est que par force qu’ils sont portés dans les lieux qui leur sont opposés. Quand ils vont dans les lieux qui leur sont naturellement propres, le léger va en haut par sa nature, tandis que le grave se dirige en bas. Dans ce cas, qui les meut l’un et l’autre ? Quelle est la force qui les met en mouvement ? C’est là ce qui n’est pas de toute évidence, comme ce l’est quand ces corps reçoivent un mouvement contre nature, au lieu de recevoir leur mouvement naturel. Il est bien impossible de dire que ces corps se meuvent eux-mêmes ; car cette faculté