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Nous avons déjà démontré plus haut qu’il ne se peut pas que tout soit en repos ; car le témoignage des sens atteste le contraire. Mais nous insistons sur ce point ; car si l’on prétend, comme on le fait quelquefois, que l’être est infini et immobile, il faut du moins convenir que nos sens ne peuvent pas s’en apercevoir, et qu’il est une foule de choses qui se meuvent sous nos yeux. Je vais jusqu’à admettre, si l’on veut, que ce soit là une illusion, et qu’il n’y ait dans tout cela qu’un simple effet de l’imagination ; mais toujours est-il qu’il n’y en a pas moins mouvement, puisque le fait même de l’imagination est un mouvement d’un certain genre, par la mobilité seule des apparences qui sont dans l’esprit, tantôt d’une façon et tantôt d’une autre ; car l’imagination et l’opinion qu’elle provoque dans l’intelligence, sont elles-mêmes des mouvements réels et qu’on ne peut nier. Mais disserter à perte de vue, et faire des raisonnements sur des choses où nous pouvons avoir mieux que des raisonnements, à savoir le témoignage infaillible de nos sens, c’est mal juger le meilleur et le pire, le plus fort et le plus faible ; c’est mal discerner le certain de l’incertain ; en un mot, ce n’est pas savoir distinguer un principe réel de ce qui n’est pas principe.

Si donc tout l’univers n’est pas en repos, il n’est pas moins impossible non plus qu’il soit en mouvement, et qu’une partie de l’univers soit dans un mouvement éternel, tandis que l’autre partie serait dans un éternel repos. A tous ces systèmes qui faussent la nature, il n’y a toujours à opposer qu’une seule réponse ; mais elle est péremptoire : l’observation nous atteste qu’il y a des choses qui sont tantôt en mouvement et tantôt en repos. Donc