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enlevé de la pierre. Ces parties ont été enlevées toutes ensemble. Donc, évidemment, il n’est pas nécessaire que quelque chose soit enlevé de la pierre à chaque goutte qui tombe sur elle, par ce motif que le morceau détaché peut se diviser à l’infini ; la seule chose nécessaire, c’est qu’à un certain moment donné le morceau se détache tout entier.

Les objections que je viens de faire contre la continuité de la destruction s’appliquent non moins bien à la continuité de l’altération, quelle qu’elle soit ; car, l’altération même ne peut pas se diviser à l’infini, par cela seul que l’objet altéré peut se diviser lui-même indéfiniment. Il y a des phénomènes ou l’altération serait tout d’un coup, par exemple, la congélation de l’eau ; et l’altération ne s’y produit pas par degré ni petit à petit. Dans le cas de la maladie, l’altération a lieu encore successivement ; car il y a un temps où l’on peut dire du malade qu’il guérira ; par conséquent, il n’est pas encore guéri, et il est en état de maladie. Ce n’est donc pas tout à coup qu’il passe de la maladie à la santé, et à l’extrémité du temps où il a souffert. Il y a, dans la guérison, des intervalles de maladie, et l’altération n’est pas continue. Le changement ne se fait dans ce cas que de la maladie à la santé, et non point apparemment à autre chose ; or, ce sont là des contraires, et soutenir que le changement a lieu perpétuellement d’un contraire à l’autre, c’est vouloir contredire par trop gratuitement les faits les plus palpables ; car, arrivé au contraire, il s’arrête. On ne peut pas contester davantage le repos pour une foule de choses qui restent dans l’état où elles sont ; et, par exemple, la pierre demeure ce qu’elle est, sans devenir ni plus molle ni plus dure. Si de l’