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pas partiel, attribué à telles choses et refusé à telles autres, mais que tout est en mouvement de toute éternité, et que seulement ii est des mouvements qui, par leur ténuité même, se dérobent à nos sens et échappent à notre observation. Une objection qu’on peut faire à ce système, c’est que ceux qui le défendent n’ont pas dit assez précisément de quelle espèce de mouvement ils entendent parler ; et, s’ils prétendent que leur théorie s’applique à toutes les espèces du mouvement sans exception, il n’y aurait pas de peine à les réfuter. Ainsi, ces mouvements particuliers qu’on appelle accroissement et destruction, ne peuvent pas être continus et perpétuels ; et il y a toujours dans l’un et l’autre des intervalles de repos.

C’est comme quand on prétend que la goutte d’eau qui tombe successivement sur la pierre finit par la percer, ou que la plante qui pousse dans ses interstices finit par la rompre. En effet, si la goutte a creusé ou enlevé telle partie de la pierre, cela ne veut pas dire que dans un temps moitié moindre, elle en ait enlevé antérieurement la moitié. Mais les gouttes dans leur ensemble agissent comme font les matelots en se réunissant pour le halage d’un navire ; tant de gouttes accumulées ont produit tel mouvement ou telle diminution dans la pierre ; c’est vrai sans doute. Mais cela ne veut pas dire que telle partie des gouttes ait pu produire telle quantité précise de changement et de mouvement dans aucune partie du temps. La portion enlevée de la pierre peut bien se subdiviser elle-même en plusieurs autres parties, si le morceau détaché est assez gros ; mais on ne peut pas dire qu’aucune de ses parties ait été séparément détachée, puisqu’elles forment encore un certain tout qui est le morceau même