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étions posées, et ce sera pour nous le complément définitif de tout ce traité. Soutenir que tout dans la nature est en repos, et s’obstiner à ne pas accepter le témoignage de l’observation sensible qui nous atteste le contraire, c’est une faiblesse d’esprit, malgré ce que certaines gens peuvent en penser. C’est nier et mettre en doute la Physique tout entière et non pas seulement une de ses parties. Mais ce sujet n’intéresse pas uniquement le Physicien ; il regarde aussi toutes les sciences et toutes les théories, puisque toutes supposent l’idée du mouvement. Cependant, il faut faire ici une observation qui est d’une application générale. Dans les mathématiques, on ne discute pas les objections qu’on peut élever contre les principes sur lesquels elles reposent, et ces objections ne regardent pas, à vrai dire, le mathématicien. Il en est de même pour toutes les autres sciences ; et je dis que les objections élevées contre la réalité du mouvement ne doivent point être réfutées par le Physicien, puisque la science qu’il étudie n’existerait point, s’il n’admettait pas que la nature est le principe du mouvement.

Je ne me prononce pas sur la théorie contraire, et peut-être est-ce aussi une erreur que de soutenir que tout est en mouvement ; mais du moins cette erreur, si toutefois c’en est une, s’éloignerait moins des vérités de la science ; car nous avons établi (Livre I, ch. II) que, dans les choses physiques, il faut considérer la nature comme le principe unique du mouvement et du repos, et que le mouvement est essentiellement un fait naturel. En. effet, quelques philosophes soutiennent aussi que le mouvement n’est