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même ; car, s’il est quelquefois en repos, il peut aussi tout à coup se produire en lui un mouvement qui ne vient que de lui seul et où le dehors n’est pour rien. Mais si ce phénomène peut se passer dans l’animal, et si le mouvement peut commencer en lui, pourquoi la même chose ne se passerait-elle pas aussi dans l’univers ? Le phénomène qui a lieu dans le petit monde, peut avoir lieu aussi dans le grand : et, si c’est possible dans l’univers, c’est possible aussi dans l’infini, en supposant toutefois que l’infini puisse se mouvoir tout entier ou demeurer tout entier en repos.

De ces divers arguments, le premier est très vrai, et il est impossible qu’entre deux limites opposées, le mouvement soit éternellement le même et reste numériquement un. Il y a toujours et nécessairement des intervalles de repos. Il y a ici nécessité absolue qu’il en soit ainsi ; car une seule et même chose ne peut avoir un mouvement qui soit un et numériquement toujours le même. Je cite un exemple pour éclaircir ceci. Soit une corde d’instrument de musique qu’on met en mouvement. Je demande si le son que rend cette corde est toujours un seul et même son, ou si ce n’est pas toujours un son différent, chaque fois qu’on la touche de la même manière et qu’on lui imprime la même vibration. Mais quoiqu’il en soit de ce phénomène particulier, il ne prouve pas que le mouvement ne puisse point être un et le même en étant continu et éternel. Je reviendrai un peu plus loin sur ce principe afin de l’éclaircir empiétement.

Je passe au second argument et je l’admets ; car on peut regarder comme certain, dès à présent, qu’il n’y a rien d’absurde à soutenir qu’un corps qui n’était pas en