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comment ces phénomènes opposés s’accomplissent dans des périodes égales et régulières. C’est qu’elles ne sont pas plus dans le monde qu’elles ne sont parmi les hommes.

En général, se contenter d’affirmer qu’une chose est toujours de telle ou telle manière, et qu’elle se produit toujours de même, et croire que c’est là un principe et une raison suffisante des choses, ce n’est pas du tout satisfaire la raison. C’est à cela cependant que Démocrite réduit toutes les explications prétendues qu’il nous donne, quand il nous dit que les choses sont actuellement ainsi, et qu’elles y étaient antérieurement. Mais, quant à la cause véritable de cet état éternel, il se garde bien de la chercher. Je ne dis pas d’ailleurs que ce principe de Démocrite ne puisse jamais trouver une seule application ; mais je dis qu’il ne faut pas l’appliquer indifféremment à tout. Par exemple, c’est bien une vérité éternelle et immuable que tout triangle a ses trois angles égaux à deux droits ; cependant, on ne s’arrête pas purement et simplement à ce théorème, et l’on peut trouver une cause à cette propriété éternelle du triangle, puisqu’on la démontre, tandis qu’il y a d’autres principes qui sont également éternels, et auxquels il faut s’arrêter sans essayer de remonter à une cause plus haute. Nous avons donc démontré les relations nécessaires du temps et du mouvement, et nous avons établi que le temps n’a pu exister et ne pourra exister qu’à la condition que le mouvement ait existé ou doive exister comme lui.

II.

Je sais qu’on peut opposer des principes contraires à