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Le feu se dirige naturellement toujours en haut, et il n’est pas possible qu’il y ait en ceci une alternative, et que tantôt il se dirige en haut, et que tantôt il ne s’y dirige pas. Et quant à ce qui n’est pas absolu dans la nature, il y a du moins une cause rationnelle aux changements qui surviennent ; et ici l’on n’en voit pas au changement tout arbitraire qu’on suppose.

Il vaudrait donc encore mieux imaginer avec Empédocle ou tel autre philosophe que l’univers est tour à tour en repos et en mouvement ; car il y a dans cette succession alternative des phénomènes un certain ordre et une certaine régularité. Du reste, quand on avance de pareilles théories, il ne faut pas se contenter de simples affirmations ; il faut tâcher de remonter aussi jusqu’à la cause et de l’expliquer ; et au lieu de se borner à une hypothèse gratuite, et de poser un axiome qui choque la raison, il faut ou en appeler à l’induction tirée des faits observés, ou apporter une démonstration qui se rattache à des principes incontestables. Empédocle ne s’est pas donné la peine de remonter à des causes, et il s’est contenté d’hypothèses gratuites. Le rôle prêté à l’Amour et à la Discorde peut être vrai ; et l’un, en effet, réunit les choses tandis que l’autre les divise ; mais on ne nous dit pas par quelle cause l’un vient après l’autre. On parle bien de leur succession alternative ; mais encore faudrait-il dire à quoi elle tient. Sans doute, entre les hommes, il y a l’Amour, qui les rapproche ; et la Discorde, qui les fait ennemis et les éloigne les uns des autres. De l’humanité on transporte cette loi à l’univers, et il est bien sûr que parfois les choses s’y passent également ainsi ; mais ce qu’on n’explique pas, et ce qu’il fallait expliquer, c’est