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rôle assez analogue à celui de la matière parmi les principes de l’être ; et sa vraie nature, ce serait la privation, qui est indéterminée et insaisissable tout comme lui.

Il me semble que cette conception de l’infini est profondément originale, et qu’Aristote a montré la voie la plus certaine par où l’esprit de l’homme peut atteindre et fixer au moins en partie cette grande idée, qui l’accable et le surpasse si démesurément. Essayer de comprendre l’infini par l’immensité de l’espace ou du temps, c’est à peu près peine perdue ; et sans refuser à la métaphysique le droit de se livrer à ces hautes spéculations, il est évident que la science a besoin pour procéder avec prudence de données plus accessibles et plus pratiques. Mais considérer la divisibilité sans fin des grandeurs, c’est assurer une base solide à ces recherches. L’objet qu’on poursuit devient alors accessible, et l’infini est renfermé en quelque sorte entre ces limites d’une quantité qui diminue indéfiniment sans jamais s’épuiser, et d’une quantité qui s’accroît sans jamais devenir égale. L’infini nous échappe bien encore, puisque si nous pouvions le réaliser il ne serait plus l’infini ; mais il est en quelque sorte entre nos mains ; noue ne pouvons pas effectivement le